Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La 48ème cérémonie des César n’y échappe pas. Nina, 24 ans, jeune activiste climatique du collectif Dernière Rénovation, s’est introduite sur scène. Silencieuse, elle était habillée d’un tee-shirt qui mentionnait « We have 761 days left » [« il nous reste 761 jours »], en référence au dernier rapport du GIEC indiquant que pour rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement planétaire, l’humanité disposait encore de 761 jours. L’antenne de Canal+ (propriété du groupe Vivendi de Vincent Bolloré) a été immédiatement coupée et des agents de sécurité ont évacuée Nina de la salle.
Mais tous les professionnels du cinéma n’ont pas cautionné cet acte, ni l’ignorance écologique de cette industrie en retard et peu concernée globalement par ses impacts sociaux et environnementaux. Pas une mention d’efforts réalisés dans ce sens sur le site de l’Académie des César par exemple. Une poignée de membres de cette industrie, dont Juliette Binoche, Gilles Lellouche et Dominik Moll, ont quand même déploré la censure dont a été victime cette jeune militante dans une tribune publiée dans le « Monde » à l’initiative de Cyril Dion.
Bonne nouvelle pour les professionnels Septième Art, depuis un an, ils peuvent se former aux enjeux écologiques grâce à la Fresque du Film. Créé par le cabinet La Base, l’agence Secoya Eco-tournage et le Bureau des acclimatations, ce programme comprend trois heures pour penser « de façon ludique et concrète » la transition environnementale au sein de l’industrie cinématographique et audiovisuelle. Il est temps. En 2018, déjà, le bilan carbone de l’audiovisuel français s’élevait à 1,7 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de l’empreinte environnementale de 185 191 Français, selon le CNC.