Coopératives : Les licoornes se renforcent pour « transformer radicalement l’économie »

En intégrant Biocoop, Ethi’Kdo, Windcoop et Tënk, le collectif des coopératives orientées vers la transition écologique et sociale veut renforcer son écosystème pour montrer qu’un modèle alternatif est possible et désirable.  

Elles sont désormais 13 à table. Les neuf coopératives d’intérêt collectif (scic ou assimilées) qui s’étaient structurées en 2021 au sein des Licoornes accueillent 4 nouveaux membres depuis le 7 septembre. Les magasins bio Biocoop, la carte cadeau responsable Ethi’Kdo, la compagnie maritime à voile Windcoop, et la plateforme de documentaires engagés Tënk, vont ainsi rejoindre Enercoop, TéléCoop, Mobicoop, Commown, Coop Circuits, La Nef, Citiz, Railcoop et Label Emmaüs pour défendre une « transformation radicale de l’économie ».

Le nouveau poids de l’association, qui passe de 600 000 à près de 4 millions de clients (avec les 3 millions de Biocoop), doit ainsi lui donner une nouvelle visibilité et lui permettre de gagner en synergies et en influence. En douceur. « Nous ne sommes pas une fédération : l’idée n’est pas d’agréger le plus grand nombre d’adhérents possible mais de réaliser des projets concrets et collaboratifs entre structures qui partageons les mêmes valeurs », précise le président des Licoornes et de Mobicoop, Bastien Sibille à The Good.

De fait, pour Stéphanie Lacomblez, responsable des partenariats et relations institutionnelles de la Nef et membre du bureau des licoornes, le réseau est un vrai plus au quotidien. « C’est une façon de clarifier notre positionnement auprès du grand public mais aussi un lieu de partage de réflexion et d’expériences très utile sur des stratégies de communication, des problématiques RH ou de gestion. C’est aussi un incroyable vecteur d’énergie en interne et de solidarité entre membres », expliquait-t-elle à The Good lors du festival Onde de Coop où les Licoornes ont planché sur la thématique du travail.  

Si l’alliance a d’abord privilégié les coopératives répondant aux besoins essentiels comme l’alimentation, le transport, l’énergie ou le financement, elle s’ouvre désormais à d’autres activités pour consolider et développer l’écosystème. Les compétences techniques et marketing d’Ethi’Kdo auprès du grand public mais aussi des professionnels vont ainsi être mises à profit pour développer des offres croisées entre membres. Qui en retour, espère apprendre sur l’animation de son réseau de sociétaires. Les documentaires engagés de Tënk visent eux à bousculer les imaginaires « trop formatés » en proposant « un autre regard sur le monde », selon son président Mohamed Rochdi Sifaoui.

Changer le regard sur les coopératives, c’est aussi l’ambition du changement d’échelle. « Notre modèle, tourné vers les activités d’intérêt général, donne une voix à chaque associé et ne rémunère pas le capital. C’est une réponse aux défis actuels du partage de la valeur et de la transition écologique et sociale. Les deux sont étroitement imbriqués car le problème écologique est un problème de répartition des richesses », souligne Bastien Sibille.

Mais cette radicalité se heurte parfois à la réalité économique et politique actuelle et notamment celle du financement. « C’est un gros problème du monde coopératif car les outils classiques ne sont pas adapté à notre modèle », déplore Bastien Sibille. La levée de fonds participative organisée par les Licoornes en 2022 pour y faire face n’a pas épongé les besoins des membres. Aujourd’hui Railcoop, la coopérative qui veut remettre la ligne Bordeaux-Lyon sur les rails, est en peine de trésorerie. Malgré une belle levée de fonds auprès de ses sociétaires (dont des collectivités), elle doit se tourner vers des fonds d’investissement plus classiques pour continuer. Solidaires, les licoornes déplorent un manque d’implication de l’Etat, « plus prompt à soutenir des licornes qui ne servent à rien qu’à accompagner le désenclavement des territoires », estime Bastien Sibille. Elles espèrent qu’il en sera autrement avec les 100 milliards d’euros sur cinq ans annoncés par la Caisse des dépôts au début de l’été pour faire face à la transition écologique et sociale.

Béatrice Héraud
Béatrice Héraud
Journaliste indépendante, elle suit les tribulations de la transformation écologique et sociale des acteurs économiques et politiques (avec ses hauts, ses bas et ses trop fréquents statu quo) depuis une quinzaine d’années. Elle tente aussi de mobiliser ses confrères sur le sujet à travers des formations. Amatrice de théâtre et comédienne à ses heures (non perdues), elle déteste les farces du greenwashing. Ses boussoles : les limites planétaires et la justice sociale. Son crédo : le changement, c’est urgent !

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