« Le passage à l’action climatique s’accélère avec la mise en place d’actions de résilience coordonnées sur les territoires », Nicolas Imbert (Green Cross)

Le littoral, les stations de montagne et les villes moyennes sont 3 zones à enjeux essentiels pour accélérer le passage à l’action.

Le Haut-Conseil pour le Climat[1], les institutions européennes et internationales comme les scientifiques et les acteurs associatifs n’ont de cesse de le répéter : « La France est particulièrement exposée aux conséquences du réchauffement climatique, mais n’est pas prête à y faire face ». Les conclusions de la COP 28 marquent une fois de plus et très cruellement l’écart flagrant et sans cesse croissant entre l’urgence climatique et les moyens actuellement déployés par les Etats pour y faire face. Loin de tout défaitisme, le positionnement de Green Cross est d’aider au passage à l’action, dans une double perspective environnementale et humaniste, en partageant des outils d’information et de sensibilisation, mais aussi une méthodologie du passage à l’action concrète sur les territoires.

Nous le constatons en particulier par les accumulations de « records » météorologiques depuis 2022[2], les territoires sont particulièrement exposés aux effets du dérèglement climatique, qu’il s’agissent d’inondations, de sécheresses, de glissements de terrain, ou d’une altération des cycles paysagers, forestiers, ou régulateurs de l’eau, des écosystèmes et du climat. Trois types de territoires ont spécifiquement des zones à enjeux, et pour des raisons très complémentaires :

  • le littoral et les îles pour lesquelles l’évolution du trait de côte a des effets préoccupants nécessitant des actions immédiates,
  • la montagne et en particulier les stations de skis alors que la fonte des glaciers comme l’évolution rapide du climat conduisent à faire évoluer drastiquement les pratiques touristiques et les modèles économiques,
  • les villes moyennes dont la stabilité économique, territoriale et les évolutions sont essentielles pour maintenir leurs habitants, dans un contexte d’urgence de rénovation énergétique, de mutations économiques et d’attentes sociétales fortes.

C’est pourquoi, en interaction depuis 2014 avec des territoires en métamorphose comme la Communauté Urbaine de Dunkerque, fortement impliqués sur la résilience territoriale des stations de montagne de l’arc alpin depuis 2019 et ayant facilité la structuration du plan de résilience territoriale de la Province des Iles Loyauté puis la mise en place de ses actions prioritaires depuis 2020, nos retours d’expérience nous conduisent à mettre en place une approche inclusive et très opérationnelle, désormais formalisée sous le nom des clés pour agir, des vulnérabilités à la résilience.

La focalisation trop souvent opérée sur les seuls enjeux carbone conduit à une sous-estimation des enjeux de résilience territoriale, à une focalisation sur des solutions partielles et technologiques, et à une prise en compte très imparfaite des externalités. Elle conduit à modéliser un écosystème territorial, écosystémique et d’économie circulaire avec des modes de fonctionnement datés, marqués par l’économie linéaire.

C’est pourquoi notre approche se structure sur 3 champs d’analyse et d’action complémentaires : les écosystèmes, les activités et le rayonnement. Les écosystèmes sont analysés à travers les enjeux carbone et climat, associés à la qualité de l’air, mais également l’agriculture, l’alimentation et la santé, la biodiversité, les forêts et les sols. Les activités intègrent l’évolution des modèles économiques, les infrastructures et énergies, les mobilités et l’économie circulaire. Le rayonnement comporte l’innovation, l’entrepreneuriat et la mise en réseaux, la culture sous toute ses formes, ainsi que les cohésions, qu’elles soient géographiques, sociales et générationnelles.

Nos travaux dans les villes moyennes ont permis de construire la résilience en 4 critères, les fameux 4D : déconcentrée, diversifiée, décarbonée, démocratique. Ces critères permettent aussi de montrer l’importance cruciale de pistes de solutions[3] comme le transport à usage gratuit, l’agriculture urbaine et la reconquête d’une sécurité alimentaire territoriale pour n’en citer que quelques-unes.

Nous développons également la résilience EAU via les territoires, www.agireau.eu, où avec de nombreux réseaux partenaires nous mettons en avant comment agir concrètement pour une gestion plus transparente et démocratique de la ressource, lutter contre les pollutions le plus en amont possible et développer l’économie circulaire et la sobriété en eau sous toute ses formes.

Green Cross dévoile début janvier ses travaux sur la résilience littorale et insulaire, avec notamment 20 propositions permettant de répondre aux urgences, selon 5 thématiques prioritaires issues de nos travaux et analyses. La résilience du trait de côte, enjeu essentiel, y est traité et nous montrons qu’à Ouvéa qu’il est possible de stabiliser le trait de côte par la mise en place de solutions bio-inspirées, peu intrusives et locales. Ceci peut également être mis en place sur les façades méditerranéennes et atlantiques de l’Hexagone. Nous avons également préfiguré le changement de modèle économique pour un tourisme résilient, le développement de l’agroécologie, le foncier et la rénovation énergétique.

Début 2024, nous vous donnons rendez-vous à Bourg Saint-Maurice, du 9 au 11 janvier, pour travailler sur les priorités d’action en stations de montagne face à l’urgence écologique : http://bit.ly/Resilience24. Avec les socio-professionnels, porteurs de projets, acteurs territoriaux associatifs et économiques, nous serons dans la co-construction de perspectives plus résilientes pour les stations de montagne autour de 4 priorités complémentaires : la rénovation énergétique du bâti, les résilience eau et alimentaire en montagne, l’évolution vers un tourisme multi-saisons, les cohésions en montagne et la manière dont les mobilités douces peuvent aider à les faciliter. Nous espérons vous y retrouver pour continuer à construire ensemble.

 Car c’est bien tout le défi collectif qu’il nous appartient de relever en situation d’urgence climatique. Repanser la planète, c’est-à-dire à la fois réparer de manière prioritaire ce qui dont l’être et comprendre et changer pour des territoires et une humanité préservés, passer d’une culture de planification et d’aménagement à un mode de vie du ménagement. Des perspectives et retours d’expérience que vous pourrez parcourir dans Plaidoyer pour un monde (plus) durable, ouvrage sorti en décembre 2022 et toujours d’actualité, et sur le site www.repanserlaplanete.org, en l’attente de se retrouver sur les grands enjeux de 2024, dans l’enthousiasme des changements concrets, partagés et inspirants.


[1]Rapports à retrouver sur https://www.hautconseilclimat.fr/publications/  – en particulier le rapport annuel 2023

[2] https://vert.eco/articles/crise-climatique-la-france-nest-pas-prete-dapres-le-haut-conseil-pour-le-climat#:~:text=D%C3%A9cryptage-,Crise%20climatique%20%3A%20la%20France%20n’est%20pas%20pr%C3%AAte%2C%20juge,dans%20son%20nouveau%20rapport%20annuel.

[3] Les « clés pour agir » et autres publications, disponibles sur https://gcft.fr/nos-publications/

Nicolas Imbert
Nicolas Imbert
ingénieur, est le directeur de l’ONG Green Cross, dont le rôle est d’éclairer les choix permettant de passer des vulnérabilités à la résilience climatique. Il a publié en décembre 2022 un ouvrage Plaidoyer pour un monde (plus) durable – www.repanserlaplanete.org

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